[Aide humanitaire pour la Roumanie. Conférence de presse à...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP0951C 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 12,5 x 17,5 cm (épr.)
description De gauche à droite : Anne-Marie Benhayoun, adjointe au maire de Villeurbanne ; Gilbert Chabroux, premier adjoint au maire ; Michel Lazartigues, conseiller municipal (1983-2001) ; Yvon Deschamps, adjoint aux finances (?).
historique La Roumanie sort du cauchemar de la dictature, meurtrie et désemparée. Repliée sur elle-même depuis des décennies, isolée, exsangue, elle a besoin de tout. L'aide s'organise à tous les niveaux. Villeurbanne n'est pas en reste. En l'absence de Charles Hernu, Gilbert Chabroux, premier adjoint, présentait le 26 décembre 1989, le dispositif local de solidarité au peuple roumain. Hautement symbolique, la décision de la ville de débloquer 1 franc par habitant, soit 120.000 francs, s'accompagne de la mise à disposition d'un véhicule avec chauffeur ainsi que de la coordination des actions locales. Par ailleurs des points de collecte d'argent et de médicaments sont ouverts su la commune de Villeurbanne.
historique Quelques jours après le début des événements de Roumanie, l'aide humanitaire commence à se structurer. Si ce week-end de fête a été l'occasion de multiplier les initiatives, partout dans la région Rhône-Alpes, la journée [du 26 décembre 1989] a surtout permis de faire le point. Désormais, tous les élans de solidarité se regroupent autour des grandes associations humanitaires : Pharmaciens sans frontières, Médecins sans frontières, Médecins du monde, le Secours populaire français. Et, plus spécifiquement sur Lyon, l'association Equilibre. En fait, il s'agit maintenant d'être réellement à l'écoute des besoins de la population roumaine. Canaliser les bonnes intentions devient une nécessité. Selon un membre de Médecins sans frontières, les priorités sont aujourd'hui l'argent et des médicaments. Surtout l'argent. Il permet de mettre en place de réelles structures de soins d'urgence, dans les villes comme dans les campagnes. Il permet aussi d'acheter du matériel chirurgical et donne la possibilité d'affréter avions, trains et camions. A Pharmaciens sans frontières, on insiste surtout sur le besoin de seringues, compresses, pansements, antibiotiques ou antalgiques. "Il ne faut pas donner n'importe quoi" revient comme un leitmotiv. Du côté des aliments, Médecins sans frontières préconise surtout l'envoi de lait en poudre. "C'est ce qui manque le plus en Roumanie". Avec le carburant. Car l'arrivée massive de convois routiers, aux frontières roumaines, a provoqué un engorgement important. Ainsi qu'une pénurie de carburant. L'essence et le gasoil commencent à manquer sur l'ensemble du territoire roumain. Résultat, le départ de nouveaux camions est désormais fortement règlementé. "Mais il ne faut pas que celle mesure arrête l'élan de solidarité observé depuis plusieurs jours", tient à préciser l'un des permanents d'Equilibre. Bien au contraire. Il faut encore se mobiliser. La plupart des communes du Rhône ouvrent leurs portes ou installent des urnes pour la collecte de chèques. Les quatre-vingt-onze communes de la sixième circonscription du département de la Loire font de même cette semaine. De son côté, l'armée n'est pas en reste. Deux avions sont continuellement en état d'alerte sur l'aéroport de Satolas. Prêts à décoller depuis le 23 décembre [1989]. Ils attendent le feu vert du gouvernement français pour prendre leur envol. Il s'agit de deux appareils de l'Elément médical militaire d'intervention rapide (EMMIR). Pour sa part, la municipalité de Villeurbanne réalise une action un peu plus originale. "Dès le début des événements, nous avons pris contact avec l'ambassade de Roumanie, pour leur demander conseil, explique Gilbert Chabroux, premier adjoint au maire. Au départ, nous voulions entrer en contact avec Bechet, un village du sud de la Roumanie, situé près de la frontière bulgare, que nous avons adopté au mois d'août [1989]". Mais l'ambassade les en a dissuadé. D'autant plus que personne ne sait, à Villeurbanne, si Bechet existe encore, s'il n'a pas été rasé, avant la chute de Ceaucescu. Peut-être le sauront-ils prochainement. Puisqu'un télex, traduit en roumain, devrait être lu à la télévision roumaine. Et une délégation villeurbannaise pourrait partir prochainement sur place. Autre initiative : un camion de Médecins sans frontières s'est installé en plein centre de la place Bellecour. "Nous avons besoin de l'aide de tous. Car nous prévoyons, en collaboration avec la SNCF et la Ville de Lyon, le départ d'un train pour la Roumanie". Peut-être en fin de semaine, ou au début de la semaine prochaine. Comme MSF est déjà arrivé, depuis [le 24 décembre], sur place, il lui est plus facile de connaître les besoins réels de la population. C'est également le cas de l'association lyonnaise Equilibre. Un premier camion, mené par son directeur Alain Michel, est parti de Lyon [le 23 décembre]. Il a pu rallier sans problème la ville de Timisoara et commencer la distribution des médicaments, des vivres et du lait maternisé qu'il transportait. En s'appuyant sur un réseau efficace, mis en place depuis plus d'un an. D'après les premières informations communiquées depuis la Roumanie par Alain Michel, il faut surtout amener du matériel médical à usage unique, des draps, des couvertures, de la nourriture pour enfant et du lait maternisé. Autres témoins directs des événements, Jean-Michel Dubernard, adjoint au maire de Lyon et Jacques Lebas, président de Médecins du Monde, étaient de retour de Roumanie, [le 26 décembre au soir], à Satolas. "Aujourd'hui, la situation médicale est maîtrisée, affirme Jean-Michel Dubernard. C'est pourquoi nous sommes rentrés". Désormais, comme les combats ont presque cessé, les chirurgiens et médecins roumains peuvent suffire à la tâche. Dorénavant, l'aide humanitaire doit prendre une nouvelle forme. Si l'envoi de nombreux colis reste nécessaire, "il ne faut pas oublier la dimension humaine", estime le philosophe André Glucksmann qui accompagnait également l'équipe de Médecins du monde. "Les Roumains ont été extrêmement touchés par notre simple présence. Ils ont besoin d'être soutenus, d'être aimés. Et ils désirent aussi recevoir des livres. Qu'ils ne peuvent s'acheter et dont ils ont été privés depuis si longtemps". Source : "L'aide humanitaire se structure" / Didier Falcand in Lyon Figaro, 27 décembre 1989, p.3.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP01448.
note bibliographique "Roumanie : la solidarité s'organise" in Le Progrès de Lyon, 27 décembre 1989.

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